Valoriser la qualité de vie
Valoriser, dans un cadre chaleureux, la vie qui reste. » Une devise érigée en règle d’or à la Villa St-François qui abrite le Centre de soins palliatifs de l’hôpital fribourgeois (HFR), sur les hauteurs boisées de Villars-sur-Glâne. Visite des lieux dans la douceur et la bienveillance qu’inspirent l’infirmière-cheffe Sylvie Francisco et le Dr Boris Cantin, les responsables du pôle.
Depuis 2014, la Villa St-François abrite les soins palliatifs. Après les travaux menés en 2020, le site a acquis le statut de Centre de soins palliatifs de l’HFR. En pénétrant dans son enceinte, comment ne pas songer que ce lieu coïncide, pour d’aucuns, à l’ultime étape de leur vie? Créés dans les années 1960, les soins palliatifs s’inscrivent, aujourd’hui en complémentarité avec la médecine curative. Responsables du centre, l’infirmière-cheffe Sylvie Francisco et le Dr Boris Cantin composent au quotidien avec cette question et cet a priori : « En regard des autres disciplines médicales, les soins palliatifs sont jeunes, plaide le Dr Cantin. Nous devons faire notre place. Petit à petit, nous gagnons en légitimité. Plus nous intervenons tôt dans la trajectoire maladive des patients, mieux c’est. On ne nous identifie alors plus comme des soins terminaux. »
Un site « plein de vie »
Le déménagement de Châtel-St-Denis à Villars-sur-Glâne, en 2014, a permis un pas vers la reconnaissance souhaitée : « Vu la proximité avec l’HFR Fribourg – Hôpital cantonal, la collaboration avec les médecins traitants et les spécialistes est désormais plus étroite. »
Entourée d’un parc garni de majestueux arbres centenaires, flanquée d’une… boîte à livres et même d’un poulailler, la Villa St-François s’ouvre au visiteur. Aucune touche médicale n’apparaît. La prédominance du bois et l’ornement végétal ajoutent une touche d’intimité, de chaleur : « Nous ne sommes pas un mouroir, pose calmement le Dr Cantin. Nous prodiguons des soins comme dans un hôpital. Nous mettons tout en oeuvre pour que ce site soit plein de vie, même si la maladie est présente. »
Si les patients sont évidemment au centre de toutes les attentions, leurs proches sont également intégrés dans tout le processus palliatif : « Nous privilégions la qualité de vie des patients et de leur famille, au sens large du terme. Les amis et même les animaux de compagnie sont les bienvenus. » Telle une structure hôtelière digne de ce nom, un salon, un bar à vin, des salles de jeux, de lecture et des chambres sont dévolus aux familles. Avec l’apparition du Covid-19, cette implication des proches s’est avérée plus compliquée : « Nous avons dû prendre des mesures restrictives, déplore le Dr Cantin. Humainement, ça a été difficile car ça heurte nos principes et nos valeurs. »
Accueil de jour
La rénovation de la Villa St-François a permis d’unifier les soins palliatifs de l’HFR, qui ont soufflé leurs 20 bougies au printemps 2021. L’unité des soins palliatifs, l’accueil de jour et la résidence palliative sont désormais réunis sous le même toit : « Ce qui évite de fragmenter le chemin médical de la personne », observe le Dr Cantin.
Instauré en 2015, l’accueil de jour rencontre un écho grandissant. Deux après-midis par semaine, des bénévoles, des professionnels, avec le soutien de la Fondation Serenitas, proposent diverses activités : cuisine, lecture, yoga, hypnose, massage, art-thérapie, etc. « Ces activités sont autant de moments de partages, de discussions », apprécie Sylvie Francisco.
S’il en émet le souhait et que son état de santé est stable, le patient peut rentrer à la maison. La moyenne des retours avoisine 50% : « La personne n’est pas guérie. Cependant, nous organisons son retour, même pour un temps restreint. Elle peut aussi bénéficier de l’accueil de jour. » Cette alternative permet parallèlement de soulager temporairement les proches des patients impliqués souvent dans un suivi de longue haleine.
L’aménagement du nouveau pôle de compétences de soins palliatifs à la Villa St-François a permis d’affecter dix nouveaux lits. La nouvelle entité en comprend désormais 22, tous en chambre individuelle. Le Centre emploie aujourd’hui une soixantaine de collaborateurs (dont
une trentaine de soignants), la plupart sont bilingues.
« Notre premier objectif, prône le Dr Boris Cantin, consiste à pérenniser notre nouvelle structure en partenariat avec l’équipe mobile de soins palliatifs Voltigo et les autres prestataires de soins du canton. En outre, nous avons installé cette année une équipe mobile intra-hospitalière de consultance en soins palliatifs. »
Selon sa philosophie, le Centre de soins palliatifs de l’HFR s’emploie à valoriser la vie qui reste, sans obstination déraisonnable ni intervention euthanasique. Depuis plusieurs années, l’activité ambulatoire suit une courbe ascendante, qui devrait perdurer. En scrutant l’avenir, les responsables émettent un voeu : ils entendent se projeter plus en amont dans l’identification de patients nécessitant des soins palliatifs. « Nous souhaitons que tout Fribourgeois puisse avoir accès à des soins palliatifs ».