Dans les murs de l'HFR: «On ne peut plus proposer le même soutien»

L’hôpital fribourgeois est mobilisé. Mais que se passe-t-il derrière ses murs, comment le personnel vit-il cette période intense? A tour de rôle, des collaborateurs de l’HFR témoignent dans la chronique de La Liberté. Salomé Wicht, infirmière clinicienne aux soins palliatifs, HFR Billens.

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Salomé Wicht

Salomé Wicht, infirmière clinicienne aux soins palliatifs, HFR Billens

«Cela fait huit ans que je travaille dans le domaine. Je suis infirmière clinicienne aux soins palliatifs de la Villa Saint-François, qui sont hébergés temporairement à Billens depuis le 24 mars, car la Villa est en rénovation. Nous accueillons 14 patients qui ont une maladie incurable et évolutive. Notre mission n’est pas uniquement de les accompagner vers la fin de vie, mais aussi de gérer les symptômes, d’organiser des retours à domicile et le soutien aux proches. Malgré tout, il y a beaucoup de vie ici, des larmes mais aussi beaucoup de rires. J’aime le contact humain, l’authenticité qu’offre mon métier. Et l’équipe entière, soignants, bénévoles, psys, etc., est une vraie famille.

Depuis la pandémie, certains sont partis en renfort aux soins intensifs. Et notre accueil de jour est fermé. Mais le changement le plus dur, les visites étant restreintes, c’est qu’on ne peut plus proposer le même soutien aux proches. Le lien se fait différemment, on informe par téléphone, on aide la personne à contacter ses proches, faire un FaceTime. Mais les émotions ne sont pas les mêmes. En revanche, nous pouvons continuer tous les soins, reiki, hypnose, aromathérapie, massage etc., avec masques et gants. Deux collègues ont eu le virus mais sont de retour guéris, et aucun patient ne l’a eu.

Hors travail, ma fille, courir et maintenir le lien avec mes proches par téléphone sont mes ressources – par précaution, je n’ai plus de contact avec eux. Et Heureusement, mon travail en est aussi une, grâce à mes collègues et le lien avec le patient!»

Nicole Rüttimann

La Liberté (24.04.2020)