Un parcours HFR – récit d’une réussite « Grâce à la taille humaine de cet hôpital, qui permet de compter rapidement sur le soutien des chef-fes »

Pressentie pour devenir cheffe de clinique au CHUV – où elle effectue sa seconde formation spécialisée en médecine intensive – la Dre Audrey Boll est envoyée pour un an à l’HFR, en 2010. Pour se faire la main dans un plus petit hôpital. Et c’est dans ce plus petit hôpital, « à taille humaine », qu’elle va finalement revenir (depuis la Pitié-Salpêtrière tout de même) et toujours trouver le soutien dont elle a eu besoin.
« Dans ces moments de questionnements sur la suite de ma carrière, j’ai pu compter sur le soutien de ma hiérarchie. La taille humaine de l’hôpital fribourgeois, ses chefs et cheffes de service – même l’ancien directeur, très présent sur les sites – m’ont donné l’écoute et les propositions pour me permettre d’évoluer », apprécie la Dre Audrey Boll, médecin-cheffe d’unité Permanence à l’HFR Meyriez-Murten.
Ce soutient est évidemment possible dans les grands centres hospitaliers universitaires (CHU), précise-t-elle, « mais il peut prendre beaucoup plus de temps ! A l’HFR, le réseau s’étend plus rapidement. Pour peu qu’ils s’y intéressent, et c’était le cas des miens, les chefs connaissent les gens et les situations. »
Spécialiste en médecine interne générale, la Dre Boll décide en 2009 d’ajouter la médecine intensive à son curriculum et entreprend donc sa seconde formation au CHUV. C’est dans ce cadre qu’elle côtoie l’HFR pour la première fois. « Tu dois faire un an à l’extérieur du CHU où tu suis ta formation », explique-t-elle. Les meilleurs éléments, pressentis pour devenir chefs et cheffes de clinique, sont envoyés dans un plus petit hôpital pour se faire la main. C’est ainsi qu’Audrey Boll devient cheffe de clinique adjointe aux Soins intensifs de l’HFR en 2010, pour un an, avant de retourner à Lausanne terminer sa formation.
Ce qui la captive, c’est la transplantation cardiaque, ses suites et le devenir au long cours des personnes qu’elle a suivi parfois plusieurs mois. Ambitieuse et intrépide, elle est reçue pour un an à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « Une année incroyable ! » Son retour à Lausanne est difficile. Elle ne lâche pas la Pitié, y retourne une fois par mois à chacun de ses congés. « Mais ça m’a essoufflée. J’avais besoin d’un changement. »
En train de chercher de l’air à l’extérieur du CHUV, elle tombe sur l’actuel médecin-chef des Urgences de l’HFR, Vincent Ribordy. Il l’écoute, lui conseille d’appeler le chef des Soins intensifs d’alors et d’encore, le Dr Govind Sridharan, pour lui demander s’il a une place pour elle à Fribourg. Le réseau s’anime. Il fait en sorte de pouvoir lui proposer initialement un poste de cheffe de clinique, une semaine d’activité par mois. Elle passera les trois autres à Paris.
Elle partage alors sa vie entre l’HFR et la Pitié-Salpêtrière. « Mais à un moment donné, il fallait choisir. Deux pays, deux apparts, deux boulots, ce n’est pas la plus confortable des carrières ! » Elle élit l’HFR, en janvier 2017. Cheffe de clinique, elle est nommée médecin adjointe du Service des soins intensifs huit mois plus tard.
Elle aurait pu accoster pour de bon. C’était sans compter la rencontre avec son futur mari et en 2018, une déchirure des ligaments croisés doublée de huit semaines d’arrêt. L’occasion de réfléchir à la suite d’une carrière d’intensiviste assortie d’une nouvelle donne : sa compatibilité avec une famille, d’autant plus pour une femme.
« Encore une fois, j’ai reçu l’écoute et le soutien dont j’avais besoin. Et j’allais rester jusqu’à ce qu’ils trouvent quelqu’un pour me remplacer, je leur devais bien de ne pas partir en les laissant en plan. Je suis toujours reconnaissante de mon passage aux Soins intensifs. »
C’est ainsi que mû par les compétences de la Dre Boll, ses souhaits et les possibilités, l’HFR lui propose le poste de médecin adjointe à la Permanence de Meyriez-Murten fin 2019, avant celui de médecin-cheffe en mai 2021. Une fonction dirigeante sans nuits d’astreinte, davantage compatible avec son rôle de maman d’un petit garçon.
La médecin apprécie son travail, réparti entre la gestion des équipes, de la Permanence et l’activité clinique. Mais l’épuisement la guette. « Vous savez, ces moments où un simple mail vous agresse… » Pour retrouver une dynamique positive, elle envisage de suivre une formation en management à l’Université de Neuchâtel, seize vendredis, un seul travail à la fin. Jouable.
Mais le budget de la médecine interne est serré. C’est sans compter le soutien du Pr Julien Vaucher et de la Dre Anne-Catherine Barras-Moret, respectivement médecin chef et médecin cheffe adjointe au département de médecine, qui parviennent à dégager la manne pour son CAS en leadership hospitalier. « Et grâce à ce bagage, j’ai pu intégrer le groupe métiers chargé de réfléchir aux besoins du nouvel hôpital », se réjouit-elle.
Comme quoi, donner l’écoute et le soutien à ses collaborateurs et collaboratrices est un pari gagnant.