La pédiatrie intégrative : à contre-courant et tendance à la fois

Catégorie : HFR
Rédigé par Monika Joss
Mardi 29 avril 2025
Pédiatrie intégrative

Le Centre de pédiatrie intégrative célèbre dix ans de travail pionnier. Depuis sa création, son objectif est de combiner médecine conventionnelle et médecine complémentaire à l’hôpital fribourgeois (HFR). Ce qui a débuté il y a dix ans comme une expérimentation fait aujourd’hui partie intégrante de l’offre. Les parents et les enfants sont pris en charge de manière globale et impliqués dans le traitement médical. 

Une journée typique dans le Service de pédiatrie de l’HFR: malgré des inhalations contre l’asthme au dosage élevé et un traitement à la cortisone, Luc*, 5 ans, souffre toujours de difficultés respiratoires et a besoin d’un apport en oxygène. L’apparition des premiers effets secondaires empêche une nouvelle augmentation de la dose. Lorsque l’équipe soignante applique un enveloppement thoracique au gingembre, la respiration de l’enfant se calme. Un traitement plus intensif ou un transfert aux soins intensifs n’est pas nécessaire. 

Depuis qu’elle a vécu une expérience traumatisante, Mia*, 12 ans, fait des crises convulsives, qui se déclenchent surtout en cas de stress émotionnel. Il lui est très difficile de parler de ce qu’elle a vécu. À travers la musique, la danse et le chant, la musicothérapie lui offre une forme d’expression qui l’aide à se libérer de fortes tensions. En parallèle, ce processus renforce progressivement l’estime de soi. Par la suite, un traitement psychothérapeutique peut être mis en place de manière efficace. 

 

Combinaison de pratiques

Depuis dix ans déjà, la pédiatrie intégrative de l’HFR rend possible le traitement d’enfants et d’adolescentes comme Luc et Mia. Dans ce contexte, le terme « intégratif » désigne le fait de combiner les traitements de la médecine conventionnelle et ceux de la médecine complémentaire, sur la base d’une compréhension globale de la santé et de la maladie. 

« Souvent, les parents apprécient les traitements complémentaires, comme les applications externes. Ils sont étonnés et se sentent confortés lorsqu’ils voient que ces ‘’remèdes de grand-mère’’ sont aussi utilisés à l’hôpital », explique Romy Schneider, infirmière spécialisée en néonatologie et experte en soins anthroposophiques, qui contribue au Centre depuis sa création. « Après avoir reçu les instructions appropriées, ils peuvent eux-mêmes les appliquer, observer leur enfant de plus près et apprendre à mieux le comprendre et le soutenir. »

Remèdes de grand-mère peut-être, mais avec un statut scientifique. Les produits pharmaceutiques utilisés en médecine complémentaires sont autorisés par Swissmedic, l’autorité suisse d’autorisation des médicaments. Le Centre de pédiatrie intégrative s’engage également à évaluer en continu ses traitements sur le plan scientifique. 

 

« La pédiatrie intégrative demande aussi d’accepter et d’expérimenter la notion du temps pour privilégier l’autoguérison », explique Romy Schneider. Du temps est également nécessaire pour approfondir sans cesse la réflexion sur la pratique, dont l’échange avec les petits patient-e-s et leur famille. Luc et Mia ne sont pas seuls, ils sont épaulés par leurs parents. Leur entourage, ainsi que les membres des équipes médico-soignantes possèdent des forces qui s’allient mais font aussi face à des défis à relever. La relation entre toutes les personnes impliquées joue un rôle essentiel dans la réussite du traitement. L’état d’esprit et l’attitude compte, pas seulement le médicament ou le procédé thérapeutique. 

 

Une implication de toutes et tous

Le professeur Johannes Wildhaber-Brooks, médecin-chef, est le moteur du Centre de pédiatrie intégrative. Aujourd’hui, il est co-dirigé par Benedikt Huber, médecin-chef adjoint en Pédiatrie à l’HFR. Ce pédiatre et néonatologue, titulaire d’une qualification supplémentaire en médecine anthroposophique (VAOAS), est présent depuis les débuts : « Le facteur le plus important pour la réussite a été la préparation minutieuse, qui a impliqué tous les services clés, de la pharmacie à la facturation en passant par l’achat de matériel. » Après une phase pilote de dix-huit mois, un bilan a été dressé : tant les parents que l’équipe médico-soignante impliqués étaient satisfaits. Contrairement aux craintes initiales, le Centre a couvert ses frais. L’extension a donc pu commencer et se poursuit. 

La demande est élevée et ne faiblit pas. « Notre vision de l’avenir se démarque de l’évolution actuelle de la médecine, qui se spécialise et se technicise de plus en plus. Nous essayons de prendre le contre-pied de cette tendance », explique Benedikt Huber. 

L’HFR demeure toujours la seule Clinique pédiatrique de Suisse à pratiquer la médecine intégrative. Le Centre mise donc également sur la formation initiale et continue des futurs pédiatres et coordonne le réseau du Groupe d’intérêt suisse pour la pédiatrie intégrative (GISPI). Pour l’avenir, Benedikt Huber souhaite inciter d’autres cliniques à se tourner vers la vision de la pédiatrie intégrative. 

 

* Prénoms d’emprunt