L’enfant, un adulte miniature ? Les défis de la pédiatrie

Catégorie : HFR
Rédigé par Laura Uysal
Mercredi 9 avril 2025
Défis de la pédiatrie

La pédiatrie prend en charge les jeunes patient-e-s, de leur naissance à l’adolescence. Leur prise en charge tient compte autant des aspects médicaux que psychologiques, familiaux et sociaux. Mais peut-on soigner un enfant de la même manière qu’un adulte ? 

De 0 à 16-18 ans, l’organisme est en transformation permanente. C’est l’une des caractéristiques principales qui différencie la médecine pédiatrique de celle des adultes. La pédiatrie est une branche spécialisée de la médecine qui étudie le développement et les pathologies de l’enfant, avant même sa naissance, jusqu’à l’adolescence. 

La mission des pédiatres est d’assurer à chaque enfant un développement psychomoteur et corporel optimal. Cela nécessite des connaissances approfondies des maladies infantiles puisque les problèmes de santé pouvant être rencontrés par les enfants sont multiples et varient selon l’âge. 

Il s’agit également de repérer les maladies congénitales (anomalies génétiques, malformations) qui peuvent se manifester déjà avant la naissance mais aussi plus tard dans l’enfance ou jusqu’à l’âge adulte. 

Toutefois, les pédiatres ne s’occupent pas uniquement des enfants malades. Ils suivent la croissance de l’enfant et son développement psychomoteur et doivent faire la différence entre ce qui est normal, mais qui peut être variable selon les individus, et ce qui pourrait être le signe d’une pathologie. Ils jouent également un grand rôle dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé. 

Autonomie croissante
« L’autonomie constitue l’une des différences essentielles entre la jeune patientèle et un patient ou une patiente adulte. Elle débute par son absence complète (le bébé dépendant de ses parents) et augmente avec l’âge, jusqu’à l’adolescence », explique Cosette Pharisa Rochat, médecin-cheffe adjointe aux Urgences pédiatriques de l’HFR « On doit donc tenir compte de la capacité de discernement, de l’autonomie dans la prise de décision et du droit à la confidentialité selon la situation et l’âge des patient-e-s. »

Bien que les parents ou les tuteurs restent parties prenantes tout au long du parcours de soin, le ou la pédiatre va tenir compte du fait que l’enfant doit pouvoir décider de certaines choses au fur et à mesure qu’il grandit. Impliquer le jeune patient ou la jeune patiente dans les décisions concernant sa santé a un impact positif sur son autonomie et sa responsabilité, et crée un partenariat bénéfique entre le corps médical, l’enfant et les parents. Plus l’âge de l’enfant augmente et plus son avis pourra être sollicité. 

L’une des différences majeures entre un-e patient-e adulte et un-e enfant réside également dans le matériel et les médicaments administrés. En pédiatrie, tout le matériel doit être adapté au poids et à la taille des patient-e-s (masques à oxygène, cathéters pour les perfusions, attelles, etc.). C’est aussi le cas des médicaments dont on doit calculer avec minutie la posologie et le dosage. Pour les plus petits, les médicaments doivent être disponibles sous forme de sirops ou de suppositoires. Cela peut poser des problèmes en cas de rupture de stock car les alternatives sont généralement moins nombreuses que pour les médicaments sous forme de comprimés. 

Pédiatre versus généraliste
« Le rôle du pédiatre et du médecin généraliste comporte bien entendu de nombreuses similitudes, l’approche globale des patient-e-s dans toutes leurs dimensions bio-psycho-sociales étant au centre de nos préoccupations. Le contexte familial prend cependant beaucoup de place dans le suivi pédiatrique puisque les parents jouent un rôle primordial dans la prise en charge de leur enfant », explique Cosette Pharisa Rochat.

Elle poursuit : « Outres des compétences académiques, exercer en tant que pédiatre nécessite des capacités d’adaptation et de communication ainsi qu’une touche de créativité pour établir rapidement un lien de confiance avec les jeunes patient-e-s. En effet, lorsqu’il s’agit d’un tout petit, le langage ne suffit pas. Il faut faire appel au jeu, à la diversion à l’aide d’un objet, un jeu intriguant ou une activité qu’il ne connaît pas. » (Voir en pages 22 et 23)

Organisme et autonomie en croissance, besoins thérapeutiques, lien aux parents… autant de particularités qui font de l’enfant un être singulier, et non un adulte miniature !

Le passage du pédiatre au médecin généraliste : comment bien faire ?

Il est recommandé d’attendre la fin de l’adolescence pour passer du pédiatre au médecin généraliste. En effet, le pédiatre étant spécialisé dans le développement de l’enfant et le diagnostic des pathologies infantiles, il est plus à même de détecter un éventuel retard de croissance, un trouble du langage ou tout autre pathologie liée à l’enfance et/ou l’adolescence. Si l’enfant se porte bien et ne nécessite pas de suivi médical spécifique, la transition du pédiatre au médecin généraliste se déroule de manière fluide, sur demande des patient-e-s ou de leur famille, par le transfert du dossier médical.

Cela peut s’avérer plus complexe dans les cas où l’enfant souffre d’une maladie chronique ou récidivante, d’un handicap ou de problèmes psychosociaux qui impliquent l’intervention de plusieurs spécialistes. L’enfant ne changera pas seulement de médecin, mais également de spécialistes puisqu’il sera adressé à des praticiens de la médecine adulte. Cela signifie beaucoup de changements pour un-e jeune patient-e qui devra se familiariser avec ces nouveaux visages. Souvent, pour que la transition se fasse en douceur et de manière efficace, un plan de transition impliquant des visites de fin de suivi pédiatrique et de prise de contact avec le généraliste et les futurs spécialistes est recommandé.